dimanche 29 mars 2020

Maudit viwus !

Je crois que pour cette fois, il faut laisser de côté le ton léger et badin de ce blog.
L'heure est grave, nous sommes nous aussi rattrapés par le maudit viwus!

Au début, quand on est arrivé à la Dominique, c'était parfait.
On en a bien profité la première semaine, c'était trop chouette.
Puis chaque jour, des signes ou des événements ont conduit à dégrader peu à peu la situation.
Ça a commencé par la fermeture du restaurant Madiba, le lendemain de l'anniversaire d'Agnès, ouf!
Quelques jours après, le premier cas est arrivé.
On a ensuite vu des locaux porter des masques dans la rue.
La tension est devenue palpable: certains changeaient de trottoir à la vue des touristes...
Un équipage Suisse d'un bateau voisin s'est même fait "traiter" au marché!
Un deuxième cas est apparu.
Quelques commerces ont commencé à filtrer leurs entrées, d'autres ont fermé.
Les liaisons maritimes inter-iles se sont arrêtées un moment.
Les écoles ont fermé.
Le nombre de cas a été porté à 7 puis à 11. Là, les choses se sont accélérées.
Les rassemblements de plus de 10 personnes sont devenus interdits.
Les parcs et sites nationaux ont fermé.
Les frontières du pays sont fermées depuis jeudi, plus de liaisons aériennes ni maritimes.
Avant hier, une dame du ministère de la santé est venue voir les gentils navigateurs.
Elle nous a dit qu'on ne devait plus descendre à terre.
Seul le ponton, la plage et l'accès au point d'eau étaient permis.
Pour le reste, les bateaux devaient obligatoirement faire appel à leur boat boy pour les courses, l'essence et tout ça...
Pour finir, le pompon sur la Garonne: hier soir samedi, le couvre feu a été annoncé jusqu'à lundi.
On ne peut même plus sortir de son bateau pour aller voir les copains du mouillage!
Même se baigner au cul du bateau, c'est limite!
Nous voila bien!

Alors qu'est-ce qu'on fait?
Eh bien on s'organise.
Les américains ont créé une diffusion quotidienne sur la VHF, c'est le "Net for Cruisers".
Tous les matins à la vacation il y a plein d'info sur le maudit viwus, la météo, les activités et divertissements (quand c'est permis), l'organisation pour l'avitaillement, les trucs à vendre et tout ça...
Ils sont trop forts ces américains!          
Le Net est même traduit en français et en espagnol par un navigateur Suisse troglodyte (enfin polyglotte, je veux dire).
Jusqu'au couvre feu on avait encore quelques activités: visite entre bateaux, baignades, drifting apéro, pêche pour certains, échange de films et livres électroniques...
Les boat boys de l'asso PAYS passent régulièrement voir les bateaux et se plient en quatre pour rendre tous les services possibles.
Ils sont aussi vraiment trop forts les gars de PAYS, certainement les meilleurs boat boys de toute la Caraïbe!

Voilà, on ne peut plus partir, il n'y a plus de vols pour rentrer et la situation en Martinique ou Guadeloupe n'est pas meilleure qu'ici...
Plus qu'à attendre...
Maudit viwus!


Ça c'est une jolie plage tout près du mouillage, quand on pouvait encore se promener... (Cabrits National Park)
Cette batterie de canons a été mise en place pour les mesures de confinement. Personne ne rentre ni ne sort de Prince Rupert bay!
Dans mon monde à moi, il n'y a que des confinés. Ils mangent des arcs-en-ciel et il font des cacas papillons!
Le bâtiment de l'association PAYS et la plage, bien vide...
Anthony, qui sert le catamaran Acajou
Un intrus au mouillage, Chargez !!! (Titus fait le tour des gentils bateaux)
Ah oui, un drifting apéro c'est ça: on rassemble les dinghies et on se laisse dériver en picolant! (c'est très américain)

dimanche 22 mars 2020

La Dominique, en tous chemins en tous lieux

Nous sommes partis de Saint Pierre le samedi 14 mars.
Inutile de préciser qu'il était absolument impossible de prendre la mer la veille, un vendredi et vendredi 13 de surcroit.
C'est pas que l'on soit superstitieux mais nous naviguons avec Cédric d'Acajou qui est officier de marine marchande et qui ne plaisante pas avec ces choses là, mes petits lapins!
Bref, nous sommes partis de bon matin pour une navigation de 55 milles jusqu'à Portsmouth, au nord de la Dominique.
Acajou nous mettra une belle raclée en arrivant une bonne heure avant nous.
Kae, un autre bateau copain parti plus tard arrivera dans la soirée.
Ce qui est chouette à Portsmouth c'est l'association des boat boys PAYS (Porstmouth Association Yacht Services).
Quand un bateau arrive, il est servi par un boat boy qui devient l'unique intermédiaire pour tous les services que demande le bateau jusqu'à son départ.
L'association Pays propose des bouées, du bateau-taxi, de l'avitaillement, des visites à terre (les boats boys sont aussi des guides officiels), des barbecues sur la plage, etc...
La nuit il y a même des rondes pour surveiller le mouillage et rassurer les gentils plaisanciers.
Notre boat boy à nous c'est Antony.
Au début, il fait un peu peur avec sa gueule de fumeur de ganja mais en fait il est très gentil.
Avec lui, nous avons visité la fameuse rivière Indienne (encore un lieu de tournage de Pirate des Caraïbes).
C'est un gars passionnant et intarissable sur la faune et la flore de son île (on a vu des perroquets!)
Il nous a raconté le passage de Maria, le dernier cyclone qui a ravagé l'île il y a trois ans.
Ça fait froid dans le dos de la peur...
Mardi on s'est fait un restau pour l'anniversaire d'Agnès.
Mercredi on a loué un mini van pour trois jours avec les copains d'Acajou.
Avec notre vaillant Mitsubushi L300, conduite à gauche, nous avons bien sillonné l'île.
Dans le désordre, on a découvert des cascades fabuleuses, on s'est baigné dans des rivières et des bassins fraichants, on a randonné dans la forêt tropicale humide, on a reniflé les sources sulfureuses, on a crapahuté sur les rochers rouges, on a visité une chocolaterie et puis on est rentré au bateau, bien fatigués.

Et le Coronavirus dans tout ça, se demandent certainement les plus chafouins?
Eh bien même pas mal!

En fait on a eu un bol incroyable jusqu'à maintenant:
On a quitté la Martinique juste avant les mesures de confinement.
Ici à la Dominique il n'y a pour l'instant aucun cas de coronavirus et aucune restriction n'a été mise en place.
C'est sans doute la dernière île de la Caraïbe dans ce cas.
Donc, on peut faire à peu près tout ce que l'on veut et la vie se passe normalement.

Pour être honnête, on sent quand même un peu de tension.
Les bateaux au mouillage se regardent un peu de travers (surtout qu'il y a pas mal d'américains, déjà peu avenants en temps ordinaire...)
L'autre jour, au restau, on sentait la patronne excédée par une table de français et d’italiens en bateaux de location (donc fraichement arrivés en avion).
Le restaurant a fermé le lendemain.
Quand un nouveau bateau arrive au mouillage il est hué et on lui lance des pierres (je déconne... on ne le fait pas... parce qu'on a pas de pierres à bord!)

Bref, on est quand même beaucoup mieux là qu'à Meulun (au hasard, il parait que les cafés gourmands y sont fameux, mais flûte les cafés sont fermés...).
Après, on ne sait pas quand on pourra quitter la Dominique, mais c'est pas grave, on est pas pressé et on y est bien...


Coucher de soleil qui envoie du bois à Prince Rupert Bay. (Toujours pas vu le rayon vert, sinon)
La maison de la sorcière sur l'Indian Rivière.
Antony, notre boat boy qui fait peur sur l'Indian Riveur.
Au restaurant avec nos copains d'Acajou
Une famille de gentils touristes français découvre les merveilles naturelles de la Dominique 
Vous pensez que cette photo a été retouchée? Vous avez raison (Red Rocks)

A Calibishie, on débite de la Daurade Coriphène au cul du pick-up.
Middleham water falls (les chutes du milieu du jambon?)
Allez, à la vôtre les confinés! (le 17 mars, la Saint Patrick et anniversaire d'Agnès)

mardi 17 mars 2020

Martinique, quand tu nous tiens!

D'aucuns se souviennent peut être qu'on a déjà eu le malheur de se trouver bloqué à la Martinique pour cause de mauvaise météo.
On en garde un sale souvenir...
Eh bien rebelote: cette fois-ci c'est à cause de la grand-voile que nous sommes coincés, quelle sale affaire!
Explications: depuis les Canaries cette voile n'arrête pas de nous emmerder.
Elle est faite de plusieurs couches d'une sorte de tissu qui n'arrête pas de se décoller! (les voileux disent que c'est une voile à membranes qui délamine, mais ça ne change rien au résultat).
Elle a déjà été réparée trois fois: à Lanzarote, au Marin et à Carriacou.
Lors de la remontada elle s'est encore ouverte au niveau du point d'écoute du premier ris...
Trop c'est trop (re 'zo re, comme on dit en Breton)!
J'en ai trouvé une autre d'occasion en métropole grâce à l'AvRM (l'association des riches et heureux propriétaires de voiliers RM dont je fais partie, n'est-ce pas).
Merci à Didier d'Audierne qui a sauvé mon voyage.
Le temps de la faire expédier, de la recevoir à la voilerie Incidences et de la retailler, ça a pris une semaine et demi après le départ de Lenaig.
Pour tuer le temps, on a un peu bougé: nous sommes allé à l'anse à l’Âne, au Bourg d'Arlet, à l'anse Chaudière, à l'anse Caritan et enfin au Marin pour réceptionner la GV.
On n'arrête pas comme ça des grands navigateurs comme nous!
Un samedi nous sommes allé à la fête de la "super team" de Michèle.
Re-explications: Michèle est une institutrice des anses d'Arlet. Elle vit sur son bateau, mouillé à coté du notre.
Son compagnon est Manu qui a fait la "Longue Route" en 2018.
Avec ses élèves elle tient un blog dans lequel les enfants qui voyagent en bateau publient des articles.
Samedi, Michèle a réuni ses élèves et tous les enfants voyageurs des parages (avec leurs parents) sous un carbet au bourg d'Arlet.
http://www.manu-autourdumonde.com/2020/03/la-fete-de-la-super-team.html
On connaissait déjà pas mal de bateaux: Acajou, Avae Reva, Rivendell, B-Fay Karl 2...
On en a découvert d'autres: Boutavent, Profité, Manua, Asikel, Sirius, Another Way,...
Voilà, du gout on a eu, sur! (Les non finistériens ne cherchez pas, c'est local...)

Nous avons eu aussi la joie de revoir des bateaux copains: Christian et Chantal sur Pura Vida et Cédric, Pauline et leurs filles sur Acajou.
C'est avec eux qu'une fois la GV récupérée et regréée nous somme partis sur Saint Pierre puis vers la Dominique.
Mais ça c'est l'objet du prochain captivant et passionnant billet qui arrive bientôt, bande de petits veinards!



Nos copains sur leur super catamaran Acajou

Ben oui, il ne faut pas oublier que tous les matins, il y a le CNED!

La fête de la Super Team

Le Bourg d'Arlet

Vous pensez cette photo retouchée, eh bien même pas! Plage de la petite Saline.

Le grand couillon trop fier avec sa nouvelle grand-voile!

Le bateau au mouillage à Saint Pierre. Qu'il est beau!


Lenaig à la Martinique

Le dernier coup on a fait une remontada fantastique pour être de retour à la Martinique pour l'arrivée de Lenaig le 22 février.
Une fois arrivés, nous avons mouillé le bateau à la Grande Anse d'Arlet et il n'a pas bougé de la semaine.
Par contre nous avons loué une voiture à Serge avec laquelle on a bien du faire trois fois le tour le l'ile!
On a commencé dimanche par le carnaval à Fort de France.
Le lendemain on est allé visiter la distillerie Trois Rivières.
Mardi nous sommes allé à Saint Pierre. Un peu plus au nord nous avons fait une super balade à la Cascade et à l'anse Couleuvre.
Mercredi, après une petite baignade au rocher du bourg d'Arlet, on est retourné à Fort de France pour le mercredi des cendres.
Jeudi nous sommes allé sur la presqu'ile de la Caravelle pour faire une randonnée de trois heures (nous l'avions déjà faite, celle-là).
Vendredi nous nous sommes rendu à la plage de la grande Saline et avons marché jusqu'à la savane des pétrifications.
Enfin Samedi, nous avons visité le jardin de Balata.
En soirée, il a fallu conduire Lenaig à l'aéroport.
On a bien cru rater l'avion!
Des activistes débiles avaient mis un bus en travers de l'autoroute pour protester contre le débarquement de passagers d'un bateau de croisière soit-disant infectés!
Ce fut pour nous le premier effet du corona virus, nous qui étions totalement épargnés jusque là...

Le carnaval à Fort de France
Et encore...


Ambiance chaud-collé-serré, merengue et brumisateur à l'Arbre à Pain aux anses d'Arlet

La distillerie Trois Rivières

...où Bleuenn fait le spectacle lors de la dégustation!

Le mont Pelé vu des ruines de Saint Pierre (sans nuages ce qui est rare)

C'est le cachot du seul rescapé de la méga-giga catastrophe de 1902

Rhôôo, elles sont trop mognones à l'anse Couleuvre

À la Caravelle aussi...

Ça c'est du côté de la Saline

Le jardin de Balata

Memestra

vendredi 6 mars 2020

La Remontada

A l'origine, notre voyage devait nous conduire à Tobago, l'ile la plus au sud de notre fabuleuse épopée.
Pour diverses raisons (disons qu'on avait un peu la flemme de naviguer et de se taper du près), on s'est arrêté à Grenade et on est pas allé plus loin.
On est quand même descendu à 12 degrés de latitude nord et à 75 milles du Venezuela, c'est pas si mal pour le petit Pikou Panez!

Bon, étant au maximum du sud et devant être de retour à la Martinique le 22 février pour la visite de Lenaig, il a bien fallu se décider à remonter.
La distance retour est de 160 milles.
Avec un peu de courage, on aurait pu le faire en une fois et en un peu plus de 24 heures.
Comme on est des grands navigateurs on a fait cette remontada en 5 jours...
Le premier jour le 17 février, ce fut Grenade - Carriacou, tout au près.
Le deuxième Carriacou - Union, au près aussi.
Le troisième Union- Bequia, encore au près.
Le quatrième Bequia - Saint Vincent, au près naturellement.
On avait évité cette ile en descendant, cette fois on s'est arrêté à Wallilabou, lieu de tournage de "Pirates des Caraibes"!
L'endroit est aussi superbe que les Boat Boys pénibles...
Le dernier jour, grosse nav: Saint Vincent - Martinique tout au près parce que sinon c'est pas marrant.
Nous avons donc replanté notre pioche le 21 février à la grande Anse d'Arlet, à notre place habituelle: devant le bar de l'Arbre à Pain, à côté de "Martin Eden" le bateau de Manu et au milieu de nos tortues préférées...

Ne manquez pas le prochain article où nous raconterons la semaine passée avec Lenaig, venue nous rejoindre pour les vacances pour la visite de la Martinique dans notre magnifique 207 blanche de location, spéciale dédicace à Serge le loueur de Trois Ilets.


On a pêché ça devant Grenade. Comme on avait peur que ce soit une carangue jaune, réputée dangereuse niveau ciguatera , on ne l'a même pas mangée... such a shame!

Ça c'est Chatham Bay à Union, vu d'en haut
Toujours Chatam Bay vu d'en bas sous un grain, que c'est vilain! (heureusement, la pluie est chaude...)

Wallilabou à Saint Vincent

Bleuenn sur les lieux du tournage...
Cette boite de prestigieux pâté de Pouldreuzic a été savourée en mer, devant les pitons de Sainte Lucie

En cadeau bonus, je me suis embêté à faire un montage d'une vidéo prise avec le drone sur l'ile de Mayreau.
(Les gens qui suivent ont compris qu'on ne s'est pas arrêté à Mayreau lors de la remontada)

La voici, allez-y regardez, c'est gratuit et c'est très beau ('faut mettre en plein écran sinon c'est moins la classe):