mardi 21 avril 2020

Comment que c'est qu'on rentre à la maison?

Bon, d'abord il faut dire que tout le monde ne rentre pas.
Nous avons rencontré des bateaux ici à Portsmouth comme ailleurs, qui ont un autre programme:
Il y en a qui attendent tranquillement que la crise du maudit viwus passe et qui continueront leur voyage ensuite.
D'autres vont descendre abriter leur bateau à Grenade ou à Trinidad pendant la saison cyclonique et poursuivront ensuite vers l'ouest de la Caraïbe ou le Pacifique...
Encore d'autres se sont arrêtés ici en Martinique ou ailleurs et n'ont pas l'intention de revenir en métropole.

Nous on fait partie de la catégorie des couillons qui s'en vont et qui n'ont pas le choix.

Pour rentrer, nous avons envisagé trois options:

Option numéro 1:
Agnès et Bleuenn prennent l'avion et sont de retour au plus tard fin mai pour qu'Agnès puisse faire sa garde début juin.
Moi je reste tout seul avec le bateau, je cherche des équipiers et je me tape la transat retour via les Acores, jusqu'à Douarnenez.
Ça c'était le plan de base, nonobstant ce maudit viwus!
Ce qui change:
- Le carénage et la préparation du bateau sont impossibles, les chantiers et shipchandlers sont fermés.
- L'avitaillement est aussi plus compliqué à faire.
- Pour éviter de tomber malade en mer, une quatorzaine d'isolement pré-transat est nécessaire.
Ensuite, il y a trois semaines de mer jusqu'aux Acores et presque deux de plus jusqu'à la Bretagne, ca fait environ 7 semaines de mer...gloups!
- Les Acores étant fermés, l'escale se limite à un avitaillement express et il faut repartir...

Ben oui, Martinique Douarnenez à la voile, c'est pas de la tarte!



Option numéro 2:
On descend le bateau à Grenade, on le met au sec dans un chantier et on prend tous l'avion pour rentrer.
Au printemps prochain, je reviens prendre le bateau avec des équipiers et le convoie jusqu'à Douarnenez.
Mon très gentil chef me laissera t'il partir à nouveau deux mois après mon année sabbatique?
C'est pas sûr...

Illustration de l'option 2 avec le chantier Clarke's Court. Hog Island est juste à côté!


Option numéro 3:
Un cargo supplémentaire vient d'être affrété par Sevenstar.
(Cette compagnie est spécialisée dans le transport de yachts par cargo)
Ce cargo part du Marin à la Martinique et arrive à Brest même.
Donc on charge le petit Pikou Panez dessus et nous on rentre en avion et puis voilà, ''mad pell 'zo'' comme on dit en Bretonie.
De retour à Brest, je n'aurai pas très long à faire pour regagner Douarnenez...(30 milles contre 3400 milles d'une transat retour!)

Sans surprise c'est la troisième option que nous avons choisi.
C'est de loin la plus sûre, mais aussi la plus coûteuse... Maudit viwus!

Ben oui, on va mettre le petit Pikou Panez sur ce gros cargo...

Une fois la décision prise, nous sommes parti un peu précipitamment de notre belle prison dorée de Portsmouth anchorage.
Les copains du mouillage  nous ont fait une belle surprise en organisant un apéro dinghy au cul du bateau pour notre départ.
C'était trop émouvant, merci les copains!

Bouhhh, merci les copains 😭😭😭

Nous nous trouvons maintenant au mouillage à la grande anse d'Arlet, un endroit que l'on ne connait pas du tout...
On regrette beaucoup la Dominique, mais on s'est dit qu'ici ce n'était pas le pire endroit pour faire la quatorzaine de confinement que l'on nous impose avant de mettre le bateau sur le cargo.


lundi 13 avril 2020

Confinons dans la lenteur et la contemplation

Bon, rappelons les faits:
Notre fantastique épopée nautique et familiale s'est arrêtée le 26 mars, date à laquelle les mesures de confinement, le couvre-feu et autres fermeture du territoire se sont mises en place à la Dominique.
Même si on ne fait strictement rien depuis un moment, on a eu le droit à notre article en pleine page du Télégramme, oui madame!
Article 1
Article 2
Qu'est-ce qu'on est fiers! Enfin surtout moi...

Alors quoi de neuf depuis la dernière fois?
Eh bien pas grand chose.
C'est Pâques et on a le droit à 4 jours de couvre-feu total.

Voici donc comment se passe une journée type de "total lockdown" sur Pikou Panez:
Lever à 7 heures.
Petit déj' dehors avec le pain du bord en écoutant les vacations radio du matin.
Un petit peu de "geekage" ensuite car nous avons du réseau et même du wifi à bord.
On checke les mails, Whatsapp et Marine Traffic, on prend des nouvelles des copains.
Bleuenn se met à son CNED, un petit peu, quand elle n'a pas la flemme.
Préparation du repas du midi, toujours fin, gouteux et varié (c'est moi qui cuisine).
Nous déjeunons dans le carré parce que dehors il fait un peu chaud.
La petite sieste qui suit est souvent appréciée.
Après il y a un peu de travail: re-CNED éventuel, grattage de la coque, polissage des inox, amélioration du taud...
Ensuite, c'est l'heure du bain: cabrioles au bout du tangon, plongeons "spontus", observation des langoustes et poissons tropicaux sous le bateau.
Mine de rien il est bientôt 18 heures et c'est l'heure de l'apéro!
Heureusement, nous avions prévu un avitaillement assez sérieux en bière (Lorraine, Kubuli, Presidente, Carib, Stag, Hairoun...) et en rhum (JM, Trois Rivières, Depaz et Clément)
En ces temps difficiles, il ne faudrait pas se retrouver à court...
Nous dinons assez frugalement vers 20 heures, dans le cockpit ou dans le carré, selon l'humeur.
On se fait souvent un film sur l'ordinateur en soirée.
Au lit vers 21h30 pour ma part (eh oui, même en temps normal, le plaisancier se couche avec les poules!)

Voilà, ça se passe à peu près comme ça...
Quelqu'un a dit que le voyage en voilier c'était l'éloge de la lenteur et de la contemplation méditative.
Je crois qu'en ce moment, on commence à bien comprendre le truc!

Sinon, nous réfléchissons à une solution pour le retour du bateau et de l'équipage.
Soit on met Pikou Panez sur un cargo qui part de la Martinique vers Brest, nous on rentre en avion.
Soit Agnès et Bleuenn prennent un avion fin mai et moi je fais la transat retour avec un skipper professionnel.

Vous aurez la réponse dans un prochain billet logiquement intitulé: "comment que c'est qu'on rentre à la maison?"

On a mis Gédéon en figure de proue
Bleuenn ''chille'' dans le hamac
Après le CNED, le petit réconfort
Le paysage du soir, quand tout est calme
Notre ''prison dorée'', vue de la plage
Sortie à Portsmouth, en toute décontraction (quand on peut aller à terre)

PS: La petite devinette du jour: qui est capable de dire de quelles îles/pays viennent les bières susnommées?
C'est pour vous faire voyager un peu...